Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

mercredi 2 décembre 2009

Changement climatique : les 4 "bombes à retardement"

Le réchauffement climatique s'accélère, on le sait. Mais, en plus, il y a quatre phénomènes qui vont créer de véritables basculement brutaux dans le climat de notre planète, pas du tout progressifs. Mais alors pas du tout. Passons-les en revue. Et, vous allez voir, on est dans le concret, là !

1. La disparition de la banquise arctique



Regardez bien la photo ci-dessus qui a été prise en 2007 par le satellite AMSR-E de la NASA. La banquise est d'un blanc brillant, et l'océan arctique est noir (bleu-noir).

Il est donc évident que, plus il y a de banquise, moins elle va fondre, parce que toute la lumière sera réfléchie vers le ciel. Par contre, moins il y a de banquise, plus il y a d'eau noire, et plus elle va "chauffer". En effet, un corps noir absorbe beaucoup plus de chaleur qu'un corps blanc. Et je vous rappelle qu'au delà du cercle arctique, en été, le soleil ne se couche jamais.

En 2006, on avait prévu la disparition totale de la banquise arctique l'été d'ici 2040. En fait, elle disparaît beaucoup plus rapidement que prévu. Et cela augmente d'autant la température de l'océan Arctique, et donc de la planète.

On en est déjà à commencer à exploiter le passage du Nord-Ouest !

2. La disparition de la calotte glaciaire du Groenland



La calotte glaciaire du Groenland est en train de fondre, on le sait. Et on peut le voir en constatant, comme sur la photo ci-dessus, l'apparition de véritables "fleuves" à la surface de cette calotte glaciaire.

Mais il y a plus grave.

On vient de se rendre compte qu'en fait, ces fleuves s'engouffrent sous la calotte glaciaire, et coulent vers l'océan directement sur le substrat rocheux. Les glaces reposent donc sur des rivières souterraines qui l'entraînent vers la mer beaucoup plus vite que prévu, comme indiqué ci-dessous :



Et, par endroits, on constate que les glaciers du Groenland glissent vers la mer deux fois plus vite qu'avant. Un "processus d'avalanche" risque de précipiter le mouvement beaucoup plus rapidement que prévu.

Pour info, si la totalité des glaces du Groenland fondait, le niveau des océans s'élèverait de sept mètres ! Oui, vous avez bien lu ! J'ai un bon copain qui a sa maison en Bretagne au bord de l'eau. Sept mètres de plus ... (Quant à Venise, je ne vous en parle même pas)

3. La fonte du permafrost



Le permafrost, c'est le sol qui est gelé, et ce depuis la dernière glaciation, il y a quinze mille ans. En Sibérie, ce sol gelé a commencé à fondre massivement depuis plusieurs années. Le problème, c'est que, en fondant, il libère dans l'atmosphère des gigatonnes de méthane qui y étaient emprisonnées.

Quand on sait que le pouvoir d'effet de serre d'un kg de méthane est 23 fois plus élevé que celui d'un kg de CO2, on réalise rapidement que toute la Sibérie qui lâche dans l'atmosphère de telles quantités de méthane d'un coup, ça va créer un effet d'avalanche brutal sur le réchauffement de l'atmosphère !

4. La disparition des puits de CO2



Un peu plus de la moitié du CO2 généré par l'espèce humaine est absorbée par la forêt vierge et par les océans. La déforestation massive d'une part et la pollution massive des océans d'autre part, va réduire très fortement la capacité de la planète à absorber le CO2 excédentaire. Ce qui bien sûr ne va faire qu'accélérer la vitesse de réchauffement climatique.

Cet article était juste pour vous rappeler combien la Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique qui va se dérouler à Copenhague du 7 au 18 décembre était importante, et que ce n'était pas juste des élucubrations de scientifiques frustrés qui veulent se faire mousser ...

Tck Tck Tck ...

Pour en savoir plus :
1. Climate 'time bombs' stoke scientists' fears (AFP)
2. La banquise arctique va disparaître l'été d'ici 2040 (Gaïa - décembre 2006)
3. Le Groenland perd 100 milliards de tonnes de glace par an (Gaïa - octobre 2006)
4. La fonte du permafrost va libérer des quantités massives de méthane dans l'atmosphère (Gaïa - septembre 2006)
5. Le Grand Vortex de Déchets du Pacifique Nord (Chez Luc)

Crédit photos : NASA, climateboom

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7 Comments:

Blogger Padraig said...

Il semble en effet que la zone arctique subit un réchauffement local. Comme vers l'an 1000... En revanche, ailleurs, rien de sensible... Au fait, qu'est ce qui s'est passé, après l'an 1000 ? Réponse : une période glacaire (démarrée vers 1200 et qui a culminé vers 1600) - mais pas juste dans l'arctique : partout, semble-t-il... Et après 1600 ? Ben le climat s'est radouci, pardi - et sans intervention de CO² humain ! Est-ce donc une période glaciaire qui nous attend après le réchauffement arctique ?

La déforestation, c'est une chose préoccupante. Mais le principal puit de carbone, c'est la mer. Quel est donc l'impact de cette déforestation sur le taux de CO², et quel est l'impact du taux de CO² sur le climat ? Nul ne le sait - et certainement pas la clique du GIEC pour qui seule l'apocalypse est une option !

Rappel : on nous a raconté que le "trou" d'ozone était dû aux CFC d'origine humaine, et que si on ne faisait rien on mourrait tous de cancers de la peau. Mais l'interdiction de produire des CFC en 1987 n'a rien changé au phénomène. Maintenant, ceux qui s'intéressent encore au sujet (si, si, il y a des nostalgiques) nous disent que le remède apporté est pire que le mal, et que les fréons de remplacement sont bien plus dangereux pour le trou que les CFC. Ben voyons !

mercredi, 02 décembre, 2009  
Blogger Padraig said...

Chez Luc, c'est vraiment bien, parce que toutes les thèses sont exposées. Comme ça le lecteur attentif peut se faire sa propre opinion !

Vive "Chez Luc", l'endroit où tout est mis à plat !

jeudi, 03 décembre, 2009  
Blogger Padraig said...

Pour l'élévation du niveau de la mer, il y a un marégraphe à Brest qui fournit des données depuis 1820. Le niveau a été à peu près stable juqu'au début du siècle dernier, et depuis 1900, ils enregistrent 13 cm d'élévation du niveau moyen. Ils imaginent le niveau s'élever d'encore 27 cm d'ici à 2100 (en tenant compte de la dilatation thermique et de la fonte des glaces). A ce rythme, c'est en 2500 ou même en l'an 3000 qu'il me faudra prendre des mesures de sauvegarde. Rendez-vous à cette époque pour voir ce qu'il en est !

Mais, au fait, l'arrêt du Gulf Stream ne devait-il pas inverser la tendance de façon catastrophique - ou a-t-on simplement enterré cette idée désopilante ?

jeudi, 03 décembre, 2009  
Blogger Padraig said...

Mon quotidien favori a fait, Copenhague oblige, deux pages sur le sujet. Curieusement, les articles semblent se départir prudemment du catastrophisme qui était de bon ton auparavant. Par exemple, ils parlent de la banquise du Groenland qui perd 10 cm par an près des côtes... mais qui en gagne 6 cm par an en altitude. Sachant que le Groenland est une sorte de haut-plateau dont une bonne partie est à plus de 1 000 mètres, on peut suspecter que le bilan est en réalité positif (le volume total de glace croît).

Il y a un sous-titre pour relativiser les données alarmistes "La prudence reste de mise". Le quotidien se permet même d'écrire que "le CO² n'est pas seul en cause, loin de là, la vapeur d'eau joue elle aussi un rôle majeur"...

Le Climategate serait-il passé par là ? Va-t-on vers une sortie "en douceur" de cette cabale ?

vendredi, 04 décembre, 2009  
Blogger Padraig said...

Et, toujours dans mon quotidien favori, on m'annonce tout de go que la croute terrestre s'élève d'environ 1 mm par an à Brest (0,8 mm par an à Nantes). Donc dans cent ans, ma maison aura bondi de 10 cm - de quoi relativiser une éventuelle montée des eaux !

vendredi, 04 décembre, 2009  
Blogger Luc said...

@ Pad : "Par exemple, ils parlent de la banquise du Groenland qui perd 10 cm par an près des côtes... mais qui en gagne 6 cm par an en altitude. Sachant que le Groenland est une sorte de haut-plateau dont une bonne partie est à plus de 1 000 mètres, on peut suspecter que le bilan est en réalité positif (le volume total de glace croît). "

Il y a effectivement une zone au sud du Groenland où, du fait des précipitations neigeuses, l'altitude croît. (voir Rate of Change In Ice Sheet Height)

Mais, comme je l'ai dit, la fonte globale des glaces du Groenland s'accélère. On en est actuellement à une perte nette de 239 kilomètres cube par an. (voir Greenland ice sheet).

Une étude anglaise très récente, publiée en septembre 2009, donne les résultats d'une compilation des données satellites sur les années 2003 à 2007 : "The most comprehensive picture of the rapidly thinning glaciers along the coastline of both the Antarctic and Greenland ice sheets has been created using satellite lasers. The findings are an important step forward in the quest to make more accurate predictions for future sea level rise.

Reporting this week in the journal Nature researchers from British Antarctic Survey and the University of Bristol describe how analysis of millions of NASA satellite measurements from both of these vast ice sheets shows that the most profound ice loss is a result of glaciers speeding up where they flow into the sea.

The authors conclude that this ‘dynamic thinning’ of glaciers now reaches all latitudes in Greenland.

Lead author Dr Hamish Pritchard from British Antarctic Survey (BAS) says, “We were surprised to see such a strong pattern of thinning glaciers across such large areas of coastline — it’s widespread and in some cases thinning extends hundreds of kilometres inland. We think that warm ocean currents reaching the coast and melting the glacier front is the most likely cause of faster glacier flow. This kind of ice loss is so poorly understood that it remains the most unpredictable part of future sea level rise.”

The scientists compared the rates of change in elevation of both fast-flowing and slow-flowing ice. In Greenland for example they studied 111 fast-moving glaciers and found 81 thinning at rates twice that of slow-flowing ice at the same altitude."
(source : Lasers from space show thinning of Greenland and Antarctic ice sheets)

samedi, 05 décembre, 2009  
Blogger Luc said...

La "bombe à retardement" du permafrost se confirme ... au moins au niveau du pergélisol sous-marin de l'océan Arctique.

Lire "Le méthane s'échappe de l'océan Arctique plus rapidement que prévu" (Le Nouvel Obs)

dimanche, 07 mars, 2010  

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