Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

mardi 6 octobre 2009

Procès Clearstream : ça chauffe pour de Villepin !



Le procès Clearstream, c'est le procès de la décennie.

Sur le banc des accusés, on trouve :
- Jean-Louis Gergorin, ex vice-président d'EADS et Imad Lahoud, mathématicien, poursuivis pour "dénonciation calomnieuse", "faux et usage de faux" et "recel d'abus de confiance et de vol".
- Dominique de Villepin, ex Premier Ministre, poursuivi pour "complicité" de toutes ces infractions.
- Florian Bourges, ancien auditeur d'Arthur Andersen, poursuivi pour "vol" et "abus de confiance".
- Denis Robert, journaliste, poursuivi pour "recel de vol" et "recel d'abus de confiance".

Du côté des plaignants, une quarantaine de personnes se sont portées parties civiles, parmi lesquelles Jean-Pierre Chevènement, Laurent Fabius, Dominique Baudis, Brice Hortefeux, Charles Pasqua, Dominique Strauss-Kahn, Edwy Plenel, Alain Gomez, et, bien sûr, Nicolas Sarkozy.

Alors, le premier jour du procès, Dominique de Villepin nous a gratifié d'une déclaration théâtrale : "Je suis ici par la volonté d'un homme. Je suis ici par l'acharnement d'un homme. Nicolas Sarkozy." En oubliant les trente neuf autres personnes qui s'étaient portées parties civiles contre lui !

Alors, ensuite, lors de son interrogatoire, Dominique de Villepin a tout nié en bloc.

Et hier, le général Rondot a confirmé point par point tout ce que de Villepin avait nié :

Le 9 janvier 2004, lors de la première réunion avec M. de Villepin, et contrairement à ce qu'à indiqué M. de Villepin, le général Rondot déclare "effectivement, le nom de Nicolas Sarkozy est cité, par les uns et par les autres. Jean-Louis Gergorin évoque un compte couplé sur un certain "Boksa", le liant à Nicolas Sarkozy. Je note sans comprendre, d'où l'orthographe fausse". Le général Rondot note aussi que M. de Villepin "fait état d'instructions du président de la République pour enquêter et je rapporte, entre guillemets, les propos qui sont tenus".

Le 19 juillet 2004, deuxième réunion avec M. de Villepin, devenu ministre de l'intérieur. Là encore, le général Rondot est ferme. Oui, il a bien entendu le ministre lui dire : "Si nous apparaissons, le président de la République et moi, nous sautons." Oui, il lui a proposé de détruire ses quatre notes de synthèse sur l'affaire, ainsi qu'un CD-Rom - "par réflexe" de militaire, dit-il - et le ministre lui a "donné son accord".

Du dossier d'instruction, le procureur de la République, Jean-Claude Marin extrait alors une autre note du général Rondot. Elle date du 25 juillet 2004.
- "Vous écrivez : "Tous aux abris !" Que signifie-t-elle ?
- Qu'il fallait attendre que ça passe.
- Attendre que ça passe et mettre un casque lourd ?
- Plus que lourd."


Juste un point de droit pour que tout le monde comprenne bien : dans le droit français, un accusé n'est pas tenu de dire la vérité. Il raconte ce qu'il pense qu'il est le mieux pour lui. Un témoin, par contre, témoigne sous serment et est contraint de dire la vérité, sous peine de poursuites pour faux témoignage.

Dans ce procès, les déclarations de Dominique de Villepin ne sont pas sous serment. Il raconte donc exactement ce qu'il veut. (il ne s'en prive pas, d'ailleurs !)
Les déclarations des témoins, par contre, sont sous serment. Le Général Rondot est témoin dans cette affaire et a déposé sous serment. On peut donc penser qu'il dit la vérité. D'ailleurs, il déclare : "Je suis un officier de renseignement, un militaire, au service de l'Etat, tout simplement. Je m'honore d'avoir servi avec loyauté et je n'admets pas que soit mise en doute mon honnêteté".

Vous voulez que je vous dise ? Villepin a beau déclarer qu'il a des couilles, tout ça commence à sentir le roussi, je trouve !

(Nota : vous pouvez suivre le procès Clearstream en direct live sur les deux liens twitter que je donne ci-dessous)

Pour en savoir plus :
1. Clearstream : les déclarations de Rondot contredisent Villepin (Le Monde)
2. La déposition qui accuse Dominique de Villepin (Le Monde)
3. Rondot enfonce Villepin (Le JDD)
4. Affaire Clearstream 2 (Wikipédia)
5. Amaury Guibert (twitter)
6. Procès Clearstream (twitter)

Crédit photo : Francois Mori

14 Comments:

Blogger Jack said...

Luc, pour moi ce procès est un concours de menteurs. Les preuves n'en sont pas et l'on ne sait plus qui manipule qui. Il faut être bien naïf pour penser qu'un témoin dit la vérité et qu'un accusé dit ce qui l'arrange.
Surtout lorsqu'il s'agit d'un officier général ayant gagné ses galons dans le renseignement.
Un militaire ça a aussi le sens du sacrifice...
Dans cette affaire c'est faux témoins contre vrais accusés.

On a peut-être pas le QI d'Einstein, mais pas celui d'une pétoncle non plus.

En admettant que le coup soit monté par De Villepin, ce ne sera pas évident pour le juge de le prouver.
J'ouvre les paris pour un non lieu

mardi, 06 octobre, 2009  
Blogger Padraig said...

Je note qu'il y a un personnage manquant sur les bancs des prévenus, c'est l'ami Chirac, qui était très certainement au courant de l'embrouille !

Bon, enfin, si de Villepin obtient un non-lieu, ce sera une immense claque pour Nicolas, et un énorme coup de booster pour Dominique. Et s'il écope de quelque chose, ça ne le cassera pas pour autant, à mon avis.

Non, ce procès n'apportera rien de bon pour Nicolas, à mon avis. Une erreur politique, d'avoir lancé ce procès... Un bon pompier de la crise, ce Nicolas, mais pas un fin stratège...

mardi, 06 octobre, 2009  
Blogger Luc said...

Lundi, c'était l'anniversaire de Rondot, mais c'était la fête à Villepin !

mercredi, 07 octobre, 2009  
Blogger Luc said...

Chirac à Villepin ce soir dans les Guignols de l'Info : "Là t'es fini, t'es cuit ! Maintenant, ce qu'il faut, c'est penser à l'évasion !"

mercredi, 07 octobre, 2009  
Blogger Padraig said...

Je ne suis pas sûr que Galouzeau se laisse cuire aussi facilement ! On verra bien !

jeudi, 08 octobre, 2009  
Blogger Padraig said...

En fait, s'il y en a un pour qui ça sent très fort le roussi en ce moment, c'est plutôt Frédéric, non ?

jeudi, 08 octobre, 2009  
Blogger Padraig said...

Bon, alors, ce croc de boucher, on l'installe en place de grève ou quoi ?

lundi, 12 octobre, 2009  
Blogger Padraig said...

Réquisition de 18 mois avec sursis ? Une peccadille. Et même pas d'inéligibilité ! Et si ça se trouve, en cadeau d'anniversaire à M. Sarkozy, il sera totalement blanchi le 28 janvier 2010.

Nicolas doit fulminer de rage. Il a perdu. Il a maintenant contre lui un formidable adversaire, capable de lui retirer le soutien de son propre parti (qui ne demande qu'à le lâcher à la première occasion). Vraiment une très, très mauvaise manœuvre, ce procès...

Nicolas, la prochaine fois, avant de te lancer dans des histoires idiotes comme ça, demande-moi conseil !

mardi, 27 octobre, 2009  
Blogger Padraig said...

Et voilà le travail. Relaxe. Nicolas a fabriqué de toutes pièces l'homme qui pourrait faire capoter sa réélection en 2012. Pas très malin, vraiment...

Pourtant, chacun sait que la vengeance est mauvaise conseillère... Or, dans cette affaire, Nicolas n'a écouté que la voix de la vengeance...

Bon anniversaire quand même, Nicolas !

jeudi, 28 janvier, 2010  
Blogger Padraig said...

J'avais suggéré ici que Nicolas avait fait un très mauvais calcul en attaquant Dominique de Villepin, et qu'il se fabriquait ainsi lui-même son pire ennemi.

Le temps me donne raison : nous sommes en novembre 2010, et Dominique n'a de cesse d'attaquer en retour Nicolas avec (entre autres) l'affaire du KarachiGate. Nicolas va très certainement y laisser des plumes. Dans d'autres pays, il sauterait certainement - ce qui, au passage, ne mênerait la France nulle part vu l'état d'impréparation de la relève...

Nicolas, parmi ses défauts, a celui d'une absence totale de vision stratégique. Il agit avec les tripes, ses sentiments l'égarent. Pas forcément ce qu'on attend d'un Président de la République.

dimanche, 21 novembre, 2010  
Blogger Luc said...

@ Pad : Sur le "Karachi gate", Dominique de Villepin, le "gaulliste canal hystérique", a fait machine arrière toute : Karachi: "aucun lien" entre attentat et arrêt des commissions, dit Villepin (AFP)

lundi, 22 novembre, 2010  
Blogger Padraig said...

Bien entendu, vu que les familles entendent assigner en justice ceux qui ont fait arrêter les commissions (De Villepin faisait partie de ces gens-là), ce qui a conduit au massacre des ingénieurs français. Donc surtout, ne pas suggérer qu'il y a un lien (qui, certes, n'est à ce jour pas établi formellement) !

Mais bon. Il suffit d'un peu de bon sens pour être absolument et totalement convaincu qu'il ne s'agissait pas d'un attentat islamiste aveugle mais de représailles... La cible précise trahit toute l'histoire ! Des ingénieurs de DCN ? Par hasard ? Pas de prise d'otage, juste un massacre aveugle, sur les occupants d'un car pris au hasard ? Et pas de revendication ?

Et depuis, dites-moi, il y en a eu combien, des attentats islamistes aveugles sur des ressortissants fraçais (je ne parle pas ici de prises d'otages revendiquées) ? Aucune ? Alors ?

"On" nous prend vraiment pour des imbéciles ! Ou des demeurés. Pour ne pas dire des cons.

Une farce, qu' "il" dit ? Moi, je dis que la farce, c'est lui. Et une bien triste farce.

lundi, 22 novembre, 2010  
Blogger Jack said...

Ce que tous le monde semble oublier dans cette affaire est qu'aucune des personnalités politiques impliquées dans cette affaire ne pose de bombe...
Par contre vendre des armes à des pays pourris avec des pratiques commerciales pourries est le véritable sujet et dans ce domaine l'ensemble des forces de politiques de gouvernement de ce pays doit rougir de honte.
Comme je l'ai déjà dit ici, "lorsqu'on dîne avec le diable, il faut une cuillère avec un très long manche"...
Tiens, j'aimerais bien que le pape s'exprime sur ce sujet, il aurait sans doute un avis plus avisé qu'à propos de la contraception...

lundi, 22 novembre, 2010  
Blogger Padraig said...

La question que je me pose, c'est de savoir combien de morts il y a eu dans cette affaire, jusqu'à présent. Car pour qu' "on" en soit arrivé à massacrer 11 ingénieurs français (+ 4 autres victimes), c'est qu'il y a eu un sacré grabuge en amont. Combien d'intermédiaires véreux et de politiciens corrompus sont morts dans un malheureux accident de la route ou se sont suicidés de douze balles dans le dos ? Le saura-t-on jamais ? "Secret défense", comme on dit...

Comme dit Jack, le manche de la cuillère n'était pas assez long, cette fois-ci... Et c'est en train de faire des dégâts dans notre classe politique...

lundi, 22 novembre, 2010  

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