Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

lundi 20 avril 2009

Brève histoire des générations



Pendant le vingtième et le vingt-et-unième siècle, beaucoup de choses se sont passées. Et les générations qui se sont succédées ont vécu des expériences très différentes les unes des autres. Pour mieux comprendre ce qui caractérise ces différentes générations, les auteurs américains William Strauss et Neil Howe ont défini un certain nombre de générations américaines qui trouvent leur écho dans l'histoire de l'Europe de l'Ouest. On va donc se pencher sur la chronologie des générations vues de l'Europe de l'Ouest :

(1) The Greatest Generation (1914 - 1924)
La "plus grande des générations". C'est ceux qui se sont battus pendant la deuxième guerre mondiale. C'est celle des héros. C'est celle de mon père.

(2) La Génération Silencieuse (1925 - 1942)
Cette génération très incomprise est née entre les deux guerres et était peu nombreuse.

(3) Les Baby Boomers (1943 - 1958)
C'est la génération qui a tout fait péter ! C'est la mienne. Quand on est né, on a saturé les maternités. Quand on a été à l'école, il a fallu construire les fameux collèges Pailleron, de triste mémoire. Quand on a eu vingt ans, ça a été Mai 68. A vingt et un an, l'homme a marché sur la Lune. En 1973 sortait "Savoir Revivre" de Jacques Massacrier, le premier manifeste écologique de l'histoire des hommes. Cette génération a tellement marqué son temps qu'elle a été choisie "Man of the Year" par TIME pour l'année 1966 (voir illustration).

(4) La Génération X (1959 - 1977)
Selon la classification de Strauss et Howe, cette génération est "nomade", ce qui explique leur engouement pour l'agressivité, le goût de l'aventure, le cynisme et la contre-culture qui s'oppose au "Peace and Love" des Baby Boomers. Une chanson du groupe Nirvana est considérée comme l'âme même des "X" : "Smells like teen spirit". En mai 68, le slogan des Baby Boomers, c'était "Sous les pavés, la plage". En décembre 1986, le slogan des "X" face à la réforme Devaquet, c'était "Sous le bitume, l'emploi". Je pense que ces deux slogans résument tout ce qui oppose ces deux générations.

(5) La Génération Y (1978 - 1994)
C'est la Génération Millénaire.
- Ils n'ont pas eu à subir la menace d'apocalypse de la guerre froide.
- Ils considèrent comme acquises (et parfois dépassées) les transformations morales des années 1960-1970.
- Ils n'ont pas connu le monde sans le SIDA.
- Ils ont grandi devant la télé, les dessins animés japonais, les jeux vidéos, les ordinateurs.
C'est eux qui devraient prendre les choses en main pour changer l'avenir. Ils ont de vingt à trente ans actuellement.

(6) La Nouvelle Génération Silencieuse (1995 - ????)
Proche de la génération Y dans leurs attentes, ils ne connaitront pas de difficulté à trouver un emploi (faible effectif). Pour l'instant, ils ont moins de 15 ans et vivent actuellement une crise massive durant leur jeunesse.

Ce petit article ne fait qu'effleurer la surface des choses concernant un sujet aussi vaste et aussi important. J'ai quand même voulu l'écrire pour que le lecteur fasse l'effort, juste un instant, de se mettre dans la peau que quelqu'un d'une autre génération que la sienne, et qu'il comprenne qu'il n'a pas connu les mêmes angoisses, les mêmes incertitudes faces à l'avenir, les mêmes chances dans la vie.

Et là, je parle juste de l'Europe de l'Ouest ...

Pour en savoir plus :
1. Silent Generation (Wikipedia)
2. Les Baby Boomers (Wikipédia)
3. Je suis un baby-boomer (Chez Luc)
4. Génération X (Wikipédia)
5. Génération Y (Wikipédia)
6. Nouvelle Génération Silencieuse (Wikipédia)

Crédit illustration : TIME

6 Comments:

Blogger Bruno du grand sud est said...

Ceux qui se sont étriper par millions font partie de "la plus grande des générations".
Des héros tellement à l'écoute des autres qu'ils leur a fallu une guerre mondiale pour se comprendre,ça relègue donc ceux qui n'ont pas connu de guerre au rang de tapettes.

mardi, 21 avril, 2009  
Blogger Luc said...

@ Bruno : Effectivement, c'est une façon de voir les choses.

J'avoue que je préfère l'Europe unie à celle qui s'étripe. Y a pas photo !

Et quand les israéliens et les palestiniens arrêteront de se taper sur la gueule, je pousserai un grand "ouf !". Et je ne serai sans doute pas le seul ...

mardi, 21 avril, 2009  
Blogger Jack said...

Je viens de revisiter le Massacrier : quel délice et quelle modernité.

mardi, 21 avril, 2009  
Blogger Padraig said...

Ouais...Je me demande si vraiment les changements se sont faits par pallier, ou par une évolution plus continue...

Moi, je vois une rupture entre les "anciennes générations" et les "nouvelles", à travers l'abolition des rites - et plus particulièrement des rites de passage. Dans le temps, la vie des hommes était cadencée par un certain nombre de rites (rites de passage) qui étaient des jalons reconnus de tous, et qui faisaient passer d'un état social à un autre. Pour ce qui concerne la France, je citerai notamment le baptême (pour passer de l'état de poupon à celui d'enfant), la communion solennelle (et la fête familiale qui l'accompagnait) pour passer de l'état d'enfant irresponsable à celui d'adolescent responsable, le service militaire pour passer de l'état d'adolescent à l'état d'adulte, le mariage (et la grande fête qui va avec) pour entrer dans la communauté des familles, et enfin les funérailles "en grande pompe" pour quitter le monde des vivants.

De plus en plus, ces stades sont abolis (plus de baptême, plus de communion, plus de service militaire, simili-mariage à la sauvette [PACS], et enfin crémation en catimini).

De mon point de vue, l'abolition de ces rites (et leur non-remplacement par d'autres rites) est un très fort déstabilisateur de nos sociétés. Par exemple, l'excellent film Tanguy a montré ce qui se passe lorsque la société n'offre pas un rite de passage vers l'âge adulte : Tanguy reste un grand adolescent.

Je ne veux pas faire l'apologie ni de la religion ni du service militaire, mais je dis que la perte des rites amène une perte de repères qui doit être difficile à gérer pour certains jeunes.

Ce phénomène est-il pris en compte dans l'analyse de William Strauss et Neil Howe ?

mercredi, 22 avril, 2009  
Blogger Luc said...

La génération X relève la tête. Sympa !

Lire : So maybe the slackers had it right after all (The Boston Globe)

dimanche, 17 mai, 2009  
Blogger Luc said...

Un article intéressant sur la génération Y : Les dix caractéristiques de la génération Y

samedi, 21 août, 2010  

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