Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

samedi 30 décembre 2006

Vie et mort d'un dictateur

Saddam Hussein

Saddam Hussein, dictateur sanguinaire, a donc été pendu ce matin samedi 30 décembre, peu avant 6 heures du matin, dans la "zone verte" américaine de Bagdad. La potence aussi était américaine. Le bourreau était probablement Irakien, mais en fait on ne sait pas, vu qu'ils portaient des cagoules. Le tribunal qui a jugé Saddam Hussein était certes Irakien, mais ce simulacre de procès n'a trompé personne : c'était Bush qui était derrière et qui tirait les ficelles.

Dans sa précipitation d'en finir au plus vite, Bush ne s'est pas même pas rendu compte qu'il avait fait exécuter Saddam Hussein le jour de l'Aïd al-Adha, la fête la plus sacrée du calendrier musulman qui commémore l'acte d'Abraham, qui, selon la croyance, s'était résolu à sacrifier son fils à la demande de Dieu, lequel a finalement retenu sa main. Ce choix de la date n'a pas manqué d'indigner le monde Arabe ! "Son exécution le jour de l'Aïd (...) est une insulte pour tous les musulmans", a ainsi affirmé Nidal Mohamed Salah, un pèlerin jordanien à La Mecque.

Rappelons donc comment Saddam Hussein est arrivé au pouvoir ...

En 1958, le Général Abdul Karim Kassem assassina le roi Faisal II d'Irak et prit le pouvoir. En 1959, Saddam Hussein, 22 ans, participa à une tentative d'assassinat du Général Kassem, aidé par la CIA. Il reçut une balle dans le pied et fut évacué à Tikrit par la CIA. Il fut ensuite tranféré à Beyrouth pour suivre un rapide entraînement par la CIA. Il fut ensuite installé par la CIA dans un appartement de haut standing au Caire, en Egypte, et il étudia le droit à l'université du Caire.

En 1963, la CIA renversa le gouvernement du Général Kassem et plaça au pouvoir le chef du parti Baas, Abdul Salam Aref. Alors, Saddam Hussein retourna en Irak, mais il fut envoyé en prison en 1964.

En 1967, Saddam Hussein s'échappe de prison et devient rapidement un membre influent du parti Baas.

En 1968, Saddam Hussein participe à un coup d'état qui renverse Abdul Salam Aref et porte au pouvoir Ahmad Hassan al-Bakr, qui devient président et qui nomme Saddam Hussein son bras droit. A 31 ans, Saddam Hussein accède au pouvoir et devient rapidement l'homme fort du régime. Très rapidement, il demande et obtient le rang de général 4 étoiles, bien qu'il n'ai jamais effectué de service militaire.

Dès 1969, il devint responsable de la sécurité intérieure du pays, et entre 1969 et 1973, il élimina brutalement tous les opposants au régime.

En 1979, il força Ahmad Hassan al-Bakr à démissionner et il prit sa place à la tête du pays. Et là, la puissance du dictateur va pouvoir s'épanouir, grâce à l'argent du pétrole, qui coule à flots depuis la crise du pétrole de 1973.

La même année 1979, c'est la révolution Islamiste en Iran, et le shah d'Iran est détrôné par l'ayatollah Khomeini. Et, le 22 septembre 1980, Saddam Hussein attaque l'Iran. Cette guerre va durer huit longues années. Mais il va bénéficier du soutien total des Etats-Unis. Vous pouvez voir sur la photo ci-dessous Donald Rumsfeld, envoyé de Ronald Reagan, venir soutenir Saddam Hussein à Bagdad le 20 décembre 1983 :

rumsfeld_hussein.jpg

Le 16 mars 1988, Saddam Hussein fait répandre un mélange gaz moutarde et d'agents neurotoxiques fournis par les occidentaux sur la ville Kurde de Halabja, tuant 5000 civils ... La guerre sanglante se terminera en 1988 sur un statu quo. Au terme de huit années de guerre, l'Irak aura réussi à prendre pied sur la rive iranienne du Chatt-el-Arab, mais au prix d'un million de morts et de sa jeunesse sacrifiée.

Et le 2 août 1990, Saddam Hussein remet ça en attaquant le Koweït. Là, l'ONU réagit et autorise la guerre du Golfe (1990-1991), qui se termine par une défaite de l'Irak. Mais les forces de la coalition refusent d'entrer en Irak (sur décision de George Bush père), et Saddam Hussein reste au pouvoir en Irak.

De 1991 à 2003, un blocus économique est mis en place : le programme "Pétrole contre Nourriture". Mais il ne réussit pas à renverser Saddam Hussein. Ce blocus aurait provoqué en douze ans la mort de cinq cent mille à un million d’enfants, selon les Nations Unies.

En avril 1993, les services secrets Irakiens tentent d'assassiner le président George Bush père pendant une visite au Koweit. George W. Bush, le fils, une fois arrivé au pouvoir n'aura qu'une idée en tête : se payer Saddam Hussein.

Le 27 septembre 2002, en parlant de Saddam Hussein, George W. Bush dira : "This is this guy who tried to kill my dad."

Et donc, le 21 mars 2003, Bush lance ses missiles de croisière sur Bagdad, pour assouvir sa vengeance personnelle ...

654.965 morts irakiens plus tard, le cow-boy George W. Bush peut jubiler depuis son ranch Texan de Crawford : son ennemi intime a été pendu, comme au bon vieux temps du Far West ... Il aura vengé son père. Tout le reste n'a aucune importance.

Et voilà comment un tyran sanguinaire aura été porté au pouvoir par la CIA et pendu haut et court par une potence made in USA. Les populations Irakiennes apprécieront. En particulier les Kurdes, je pense ...

Pour en savoir plus :
1. Saddam Hussein executed in Iraq (BBC news)
2. Saddam Hussein a été pendu à Bagdad (Le Monde)
3. La mort de Saddam Hussein le jour de l'Aïd indigne les Arabes (La Tribune)
4. Saddam Hussein (Wikipedia)
5. Exclusive: Saddam key in early CIA plot (United Press International)

Crédit photos : Iraqi Special Tribunal et The National Security Archive

1 Comments:

Blogger Jack said...

Oui...mais les dictateurs obéissants et serviles ont le droit de mourir dans leur lit, eux, même si les chiliens ont réussit à remettre la démocratie sur les rails et sans bain de sang. Je ne peux vraiment pas m’empêcher de comparer ces deux destins.

Les peuples eux paient comptant dans tous les cas.

Que le président s’appelle Bush où autrement, nous avons toujours affaire au néocolonialisme, genre dans lequel la France excelle aussi...

L’Amérique en faisant pendre Saddam ne s’est pas couverte de gloire, une fois de plus, elle montre sa faiblesse. Il faut s’attendre dans les mois qui viennent à d’autres manifestations de cette faiblesse.

Il est probable que l’Irak sera partagé, mais est-ce si grave ?
D’où lui viennent ses frontières actuelles ?

samedi, 30 décembre, 2006  

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