Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

lundi 29 mai 2006

Alors, ce "Plan B", il est où ?



Le 29 octobre 2004, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne signent le Traité établissant une Constitution pour l'Europe. Ce traité prévoit que les 25 pays signataires ratifient ce traité. Où en sommes-nous aujourd'hui ?

Ont ratifié le traité : Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Espagne, Estonie, Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Slovaquie, Slovénie.

Ont refusé le traité : France, Pays-Bas.

Ont reporté la décision : Danemark, Finlande, Irlande, Pologne, Portugal, République Tchèque, Royaume Uni, Suède.

Sur 25 pays, 15 ont dit oui, 2 ont dit non, et 8 ne se sont pas encore prononcés.

Donc, il y a un an aujourd'hui, la France, pays fondateur de l'Europe Unie, vote par référendum, brillante idée de Jacques Chirac, superbement conseillé par l'excellent Dominique de Villepin. Ce texte, résultat d'un travail gigantesque de compromis entre 25 pays très différent pour lequel il a fallu des années de négociations et de concessions de tous, est soumis au pays.

Laurent Fabius, suivi par l'extrême gauche et l'extrême droite, se prononce pour le "non", en contradiction totale avec la position officielle de son parti, le Parti Socialiste, qui s'était prononcé démocratiquement pour le "oui" après un vote interne des militants. Mais Laurent Fabius, la démocratie, c'est pas son truc.

Alors il annonce, urbi et orbi, que le "non" c'est un vote "pour" l'Europe (sic !), et que, ne vous faites pas de souci, il y a un "plan B" dans les tiroirs, tout prêt au cas où le résultat du référendum serait le non. Et ce plan B, bien sûr, il serait super social, il sanctuariserait le sacro-saint Service Public, et tout, et tout.

Et les français, bonne poire, ils font quoi ? Ils votent à 55 % pour le "Plan B".

Et maintenant, il est où le plan B ? Nulle part, bien sûr. Et Laurent Fabius, après avoir fait une campagne virulente pour le "non", pavoise. "Moi, j'ai voté pour le non ? J'ai juste suivi la volonté populaire ..."

Ben voyons !

Je cite Pascal Aubert dans La Tribune d'aujourd'hui :

À un an de distance, chacun peut aujourd'hui mesurer l'étendue des dégâts en même temps que la responsabilité des chefs de file de la campagne du "oui", laminés faute d'avoir su trouver les mots et les arguments à la hauteur de ce rendez-vous historique. Chacun peut aussi, pour l'Histoire, constater avec le recul le caractère fallacieux du discours des grands chefs "nonistes". Où est le célèbre plan B maintes fois évoqué, au nom duquel nombre d'électeurs ont rejeté le projet de Constitution, sincèrement convaincus qu'un "non" constituerait un contretemps constructif ? Où sont ceux qui prétendaient que la voix et l'influence de la France sortiraient renforcées par un "non" quand il faut aujourd'hui se rendre à l'évidence, notre pays est de moins en moins audible dans le concert européen ? Et la raison n'est pas seulement l'âge et la maladresse d'un capitaine qui suscite désormais chez ses pairs la condescendance plus souvent que le respect, la charité plus aisément que l'animosité. Et que dire de ceux qui prétendaient que la vie continuerait comme avant après un "non" français ? D'évidence, les douze mois écoulés montrent qu'il y a un "avant" et un "après". Le 29 mai 2005, l'Europe est entrée dans un coma dont personne ne sait ni quand ni comment elle en sortira. Pendant ce temps-là, les autres continents ne perdent pas une minute, ils avancent.

Pour en savoir plus :
1. Traité de Rome de 2004 (Wikipédia)
2. Analyse d'un beau gâchis (Chez Luc)
3. Le jour où... (La Tribune)

Crédit photo : Gabriel Bouys

5 Comments:

Blogger Erwan said...

Non, non et non.

Et enervé, en plus.

Tu joues exactement le jeu des journalistes, qui font croire que "tout le monde", "une majorité de gens", la plupart des votes" sont dus à de villiers, fabius, ou à un vote réactionnaire.

C'est d'ailleurs donner beaucoup de crédit à la cote supposée de Fabius par cette simple assertion.

Sous prétexte qu'il a été négocié point par point et avec ardeur par des gens super haut placés, il est forcément parfait, et le résultat est qu'on est pour ou contre l'Europe en votant pour ou contre ce texte.


Ca vous vient pas à l'esprit que le TEXTE était mauvais ?????
De la brave merde, ajouterais-je même.

J'ai retenu qu'il faisait 874 pages, ce qui est abherrant, ca le rend illisible et forcément inapplicable, là où la constitution française fait une cinquantaine de pages et l'américaine 5 ou 6.

J'ai retenu aussi qu'elle définissait comme principe fondateur de l'union "l'économie de marché", comme si on n'allait jamais rien inventer de mieux.

J'ai retenu qu'on s'unissait autour du fait que
- le parlement Européen DOIT faire 750 personnes ;
- le président de l'union est élu pour deux ans par une majorité qualifiée ;

Qu'est-ce que ces merdes - qui ne sont que des éléments du règlement intérieur - ont à faire dans un texte CONSTITUTIF ?

Je veux l’Europe, mais pas l’Europe bureaucratique qu’on nous impose.

Une constitution américaine fait 50 pages, les détails sont réglés dans les lois;
Je suis assez d’accord pour une constitution SIMPLE qui fixe des bases de réflexions, et un code de lois précis qui fixe les détails. Ca me paraît un fonctionnement sain.
Le cadre Financier, les procédures d’admission des futurs membres, ça DOIT faire partie du “règlement intérieur”, pas des statuts constitutifs !
On ne s’associe pas autour de l’idée que pour adhérer à l’association il faut faire ceci ou cela...
On ne s’associe pas autour de l’idée que le budget de l’association sera défini comme ceci...
On ne s’associe pas autour de l’idée que les compétences de l'association seront étendues à ce domaine d’activité...

On s’associe pour un but, des valeurs, un projet.

Ce qu’on nous propose aujourd’hui, tel que je le comprend, c’est un contrat ultra détaillé sur des compétences qui ne seront peut être plus vraies demain, et dont les termes du contrat ne sont pas renégociables. (obtenir la majorité absolue pour changer une virgule sur 854 pages, c’est de la science fiction ! )

je veux un texte porteur de valeurs à partager et pas un truc bureaucratique qui s'enlise déjà alors qu'il n'est pas encore né !

..et ce qui me fait vraiment chier, c'est que la seule à s'être posée les bonnes question sur le rejet Français le soir de l'élection, c'est Marine Le Pen.
Les autres ne voient rien, ne restent que campés sur leur petit tas de pouvoir et refusent d'affronter la réalité, le décallage énorme qu'il y a entre les poltiiques et le peuple aujourd'hui.

Ben des trucs cmme ca, ca donne vraiment envie de voter pour le front national, si c'est le seul moyen qu'il y a pour apurer ces manges merdes qui s'amnistient entre eux.

Erwan-super énervé, sur ce coup-là.

“Ce texte fait 854 pages. Cette longueur interdit la critique. C’est tout sauf un détail.”

lundi, 29 mai, 2006  
Blogger Luc said...

Ah, j'ai énervé Erwan ! C'était pas le but, mais bon ...

Alors comme ça, on va reprendre un débat vieux d'un an. Alors Erwan, je te rappelle que le texte de la constitution sur lequel on a voté, il ne faisait en fait que 30 pages, soit 20 de moins que la consitution américaine !

Si tu veux le détail, c'est ici : J'ai lu la Constitution !

lundi, 29 mai, 2006  
Blogger Vicnent said...

@Erwan : +1

lundi, 29 mai, 2006  
Blogger Padraig said...

Bon, enfin, tout ça, c'est pas grave, l'essentiel, c'est que Guy Drut soit gracié.

Euh, c'est quand, mai 2007 ?

lundi, 29 mai, 2006  
Blogger Padraig said...

Enfin, trève de plaisanterie, je vais quand même vous répéter mon point de vue : en France, on a un régime de démocratie parlementaire et on élit des députés. Cette consultation qui shuntait le parlement était un déni de démocratie parlementaire. Si, comme c'eut été normal, le parlement avait été consulté, on n'en serait pas là...

lundi, 29 mai, 2006  

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