Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

mercredi 25 janvier 2006

A propos des « progrès remarquables notre système éducatif »

J’ai trouvé ce soir un article dans « Sciences et Avenir », qui m’a fait connaître Laurent Lafforgue, mathématicien à l’institut des hautes études et médaillé Fields en 2002.



Cet article ne parlait pas de ses travaux, que je serais bien incapable de commenter d’ailleurs, mais de sa sortie fracassante du Haut conseil de l’éducation, quelques jours après sa récente nomination.
J’ai trouvé ses propos remarquables ( voir ici son site ), propos conformes à ce que nous pouvons tous constater autour de nous : la profonde régression de notre système éducatif et tout ce qu’elle laisse présager pour la suite.
J’ai la chance de fréquenter de jeunes personnes et bien que ne me considérant pas comme un « lettré », je peux mesurer chaque jour, la profonde indigence du vocabulaire dont ils disposent, indigence qui souvent m’oblige à reformuler mes propos avec des mots qu’ils puissent comprendre, ou à expliquer le sens de mots simples jamais assimilés.(comme indigence par exemple...)
Je note aussi combien, nombre de hauts diplômés, sont incapables de s’exprimer clairement en public et qui dépourvus de l’organe le plus élémentaire du commandement : le langage, se trouvent incapables d’animer la moindre équipe.
Ils n’ignorent rien des arcanes de PowerPoint, mais ne savent ni parler, ni écrire proprement le français.
Et si ce que contient le rapport ci-dessous, comme je le pense, est exact, cela ne va pas s’améliorer demain.
Vos cheveux vont se dresser sur votre tête.

Institut des Hautes Etudes Scientifiques

Laurent Lafforgue

Rapport sur l’enseignement des lettres au collège

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7 Comments:

Blogger Padraig said...

J'ai envoyé à Laurent LAFORGUE ce petit mot d'encouragement :

Bravo pour votre franc-parler au sujet de l'éducation. Dommage que vous ayez cédé aux pressions du Président du HCR, votre maintien "en force" ou votre éviction "manu militari" aurait peut-être mieux servi la cause...

Ceci étant, je m'interroge sur le fait que la dégradation du système éducatif est un phénomène quasiment mondial... Et il est curieux qu'il faille chercher à Singapour les bonnes solutions ! Et l'idée de revenir au "bon temps des années '50" heurte un peu l'esprit : ça fait un peu passéiste... Mais, bon, j'ai moi-même bénéficié d'une éducation pré soixante huitarde, et je ne m'en plains pas... Je me demande ce qu'il en est en Chine, pays qui bénéficie de la croissance que l'on sait...

J'ai eu l'occasion de dialoguer plusieurs fois avec un certain Inspecteur Général de l'Enseignement Technique, auteur du "référentiel" d'un certain enseignement. A notre premier entretien, j'ai cru qu'il souffrait d'une dysfonction locutoire tant son charabia m'était incompréhensible. J'avais beaucoup de peine à reformuler ses dires en langage simple, et de lui faire confirmer que c'était bien ça qu'il avait dit. De fait, lors de ce premier entretien, j'ai compris tout de travers. Il m'a fallu plusieurs entretiens pour finalement comprendre sa pensée, qui bien entendu aurait pu s'exprimer simplement et clairement. Je pense que le charabia et le jargon utilisés comme gangue à des concepts simples sont destinés à "sacraliser" le discours et celui qui le prononce. Un peu comme de dire la messe en latin tendait à hausser le statut des prêtres au-dessus du vulgaire ! Cet Inspecteur (gardons-nous de généraliser sur un exemple) se posait ainsi en Grand Prêtre de son domaine !

Un dernier point. Notre respecté Président M. Jacques CHIRAC a dit lors de son discours du 14 juillet 2005 que la France investissait beaucoup plus que le Royaume Uni en matière d'éducation (5,6 % de la richesse nationale contre 4,2 % seulement). Or, je n'ai pas connaissance du fait que les Anglais soient moins bien éduqués que les Français (le système éducatif anglais a d'ailleurs produit deux fois plus de Prix Nobel que le système français). On en conclut que le mammouth anglais coûte 25 % mois cher à la nation que le mammouth français...

Ne vous découragez pas, votre contribution est précieuse.

jeudi, 26 janvier, 2006  
Blogger Vicnent said...

wep...
il y a eu un long échange déjà sur fr.sci.maths (LL est mathématicien). Lien pour lecture (le premier message est de Michel Talon, le 25 nov 2005 11:31)

Ce que j'ai à dire la dessus est simple : Quand bien même il aurait raison sur le fond, je ne suis pas sûr qu'il s'est donné les meilleurs moyens de servir son pays dans la forme. S'adresser, dans son premier mail au directeur du HCE en des termes tels que "Khmers rouges" et autres "criminels", c'était l'assurance de se faire virer. Et donc de devenir inutile ! Sauf si ce mail devait avoir un retentissements forts en France, ce qui ne devait pas être le cas initialement, puisque LL lui même indique que ce mail aurait dû rester confidentiel.
Encore une fois, la "Théorie des jeux" n'a pas été prise en défaut. C'est dommage, d'autant plus que je reste persuadé de la haute qualité du personnage... Vraiment triste...

jeudi, 26 janvier, 2006  
Blogger Padraig said...

Ceci étant, rendons hommage à notre système éducatif qui a su, malgré ses défauts, développer et nourrir les talents de nombre de mathématiciens, puisqu’un cinquième des médailles Fields décernées depuis 1936 l'ont été à des mathématiciens français :

1950 - Laurent SCHWARTZ
1954 - Jean-Pierre SERRE
1958 - René THOM
1966 - Alexander GROTHENDIECK
1982 - Alain CONNES
1994 - Jean-Christophe YOCCOZ
1994 - Pierre-Louis LIONS
2002 - Laurent LAFFORGUE

Il est vrai que la plupart de ces médaillés avaient bénéficié d'une éducation pré soixante-huitarde...

jeudi, 26 janvier, 2006  
Blogger Jack said...

Il n’y a pas très longtemps, désirant aider ma nièce suant sur son devoir de Français, je me suis trouvé parfaitement incapable de comprendre les questions posées. A la lecture de tous ces liens, tout est devenu lumineux. On fait du français sans réellement s’intéresser au contenu du texte, a ce qui fait sens. On « classifie », on « structure », alors qu’il faudrait d’abord COMPRENDRE.
On peut généraliser à d’autres matières et constater, que les programmes abordent des notions assez sophistiquées alors que manquent les bases les plus élémentaires permettant d’accéder à une véritable compréhension.
Le produit de ce type d’enseignement est :
La dégoût d’apprendre et surtout celui de comprendre, l’assassina de la curiosité ce qui est le véritable crime.
C’est pourquoi, je ne trouve aucune outrance aux propos de Laurent LAFORGUE.
En assassinant l’école républicaine, c’est la république elle-même qu’on assassine.
L’éducation nationale constitue une grande partie « du peuple de gauche » non seulement elle est en situation d’échec, mais elle a trahi ses propres idéaux.
Elle fait moins de place à l’égalité des chances qu’il y a 30 ans.

jeudi, 26 janvier, 2006  
Blogger Luc said...

J'ai lu le rapport en question, et j'ai eu le vertige ...
Je reste sans voix, et, mesurant l'étendue incommensurable du désastre, j'avoue que je ne sais que faire.

La sacro-sainte Education Nationale française, persuadée qu'elle est la meilleurs du monde et qu'elle seul détient la vérité (temoin les échecs successifs de tous les ministres de l'éducation nationale qui se sont succédés depuis trente ans et qui ont essayé de remettre de l'ordre dans la boutique), me fait penser aux Chemins de Fer Britanniques. En tant qu'inventeurs du chemin de fer, ils étaient intouchables, et détenteurs de La Seule Vérité, eux aussi. Et cela a aboutit, entre autres, à l'étude et la réalisation d'un train pendulaire à grande vitesse qui s'est payé le premier tunnel en virage, vu que, en s'inclinant, les wagons débordaient du gabarit Victorien. Mais ça, c'était pas le problème de ces seigneurs du rail ...

jeudi, 26 janvier, 2006  
Blogger Jack said...

Tout à fait d'accord, le professeur doit demander, le maximum, l'excellence, en demandant la moyenne on atteint au mieux la médiocrité.
Cette méthode est inspirée du management à l'américaine, il faut fixer des objectifs facilement accéssibles, qui générent des récompenses gratifiantes.
Il parait que çà marche, là-bas.
Tout n'est sans doute pas transposable.
@Luc : tu as donc lu le barème de notation de la dictée, le but ici est clairement de donner de bonnes notes, même aux plus nuls.
J'ai entendu les bribes d'un débat sur France Inter ce soir, un prof disait à peu prés ceci, si le notes étaient trafiquées nous en aurions déjà mesuré les conséquences...

Les conséquences depuis la salle des profs ne se voient guère en effet!

jeudi, 26 janvier, 2006  
Blogger Aredius44 said...

J'ai moi aussi entendu cette émission.

Vous voulez savoir comment on fabrique des bonnes notes ? Voici un truc :

Vous posez dix questions, chacune notée sur 2. Si l'étudiant répond n'importe quoi à une question, vous n'allez pas lui mettre moins de 1, voyons !, vous n'allez pas prétendre être Dieu et capable de juger au 1/2 point. Alors vous donnez 1 sur 2. Un étudiant ayant tout faux obtient 10/20.

Quoi ? vous voulez mettre zéro mais vous êtes quelqu'un qui n'a rien compris !

http://lefenetrou.blogspot.com

mercredi, 18 avril, 2007  

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